26-05-90 – 2/4 Qu’est-ce que la justice pour nous ?
Lorsque je dis que cela porte préjudice ou pas, des êtres pourraient me rétorquer qu’il est bien beau de laisser la liberté aux uns et aux autres, mais lorsqu’ils commencent à être dangereux, lorsqu’ils commencent à tuer, lorsqu’ils mettent en péril l’ordre établi d’une société où chacun suit une évolution, il faudrait peut-être bien réglementer la vie. Je prétends que l’expression absolue est nécessaire du point de vue de l’âme, tout simplement parce qu’une âme qui n’a pas droit à cette expression n’arrive pas à se connaître et à se réveiller. Les autres âmes qui sont autour ne doivent pas penser égoïstement à leur propre confort sur la terre, à leur propre sauvegarde. S’il y a un acte d’amour, s’il y a un partage d’amour à faire c’est bien dans ce sens-là, donner la possibilité à l’autre, quel que soit le risque pour soi, d’aller au bout de son expression. C’est ça le partage, c’est ça l’amour. L’amour ce n’est pas avec anxiété penser à la survie de mon voisin et de prévoir des systèmes d’alarmes pour que le bandit ne puisse pas aller le cambrioler. L’amour ce n’est pas ça, du moins ce n’est pas que cela. L’amour ça va être aussi de regarder le voleur cambrioler son voisin et de ne voir en cela qu’une expression et de voir dans cet acte la possibilité pour cette âme de trouver le réveil. Non pas en commettant le vol, mais parce qu’en ayant commis le vol, par le karma et la souffrance ensuite endurée, trouver la possibilité d’un juste comportement. C’est ça le réveil. C’est pour cela qu’il est si difficile de faire comprendre aux terriens la notion qu’a Dieu de la justice. Apparemment nous n’avons pas les mêmes notions car sans cesse il y a des hommes qui réclament et qui tambourinent à la porte des Maîtres et disent : « Ce n’est pas possible, on ne vous comprend plus. Il y a de plus en plus de crimes, de guerres, mais qu’est-ce que vous faites là-haut. » Qu’est-ce que la justice pour nous ? Pour nous la justice est d’abord conçue depuis un endroit sans égocentrisme. Voilà la notion importante, sans égocentrisme. Pour nous la justice va être quelque chose qui ne va pas chercher à se protéger elle-même, qui ne va pas chercher à me protéger moi-même. La justice va être au contraire un mouvement de liberté qui va simplement faire le poids et la mesure de ce qui est fait, pensé et dit, et qui va chaque fois redéterminer les événements par rapport à ces mesures qui ont été prises. Vous, vous appelez cela le karma, pour nous c’est une question de miroir, tout simplement. Vous faites quelque chose de blanc, le miroir renvoie du blanc. Vous faites quelque chose de noir, le miroir renvoie du noir. Personne, depuis une conception de bien ou de mal, va juger un acte. La justice n’est pas un acte de jugement. Sur la terre la justice est rendue par un tribunal. On fait référence à des lois et d’après ces lois on juge si l’homme est bon ou mauvais, s’il a droit à des circonstances atténuantes ou pas. Au ciel il n’y a rien de cela, le miroir fait reflet instantanément. Mais il faut savoir que le miroir a plusieurs profondeurs. Puis il y a, plus vers le centre du miroir, une zone d’action différée. C’est-à-dire qu’un certain nombre d’actions, de pensées, de comportements vont se refléter dans cette deuxième bande et ne vont pouvoir être projetées de nouveau vers l’homme que dans un certain temps, le temps qu’il lui faudra pour revenir depuis cette zone de miroir d’ailleurs. Puis, il y a une troisième zone tout au centre du miroir qui est une zone profonde. C’est ce que l’on appelle véritablement le karma que l’on colporte de vie en vie. Ce n’est plus un karma que l’on retrouve demain ou dans dix ans, c’est un karma que l’on retrouvera dans la prochaine vie. Et avec ces trois mesures la justice n’effectue non pas sa justice, mais son éducation. C’est complètement différent. Lorsqu’un homme entend dire qu’un tel s’est fait assassiner, immédiatement l’homme veut la justice, il veut que l’assassin soit puni et parfois le paie de sa vie. Œil pour œil, dent pour dent. Je ne veux pas féliciter les assassins du monde, pas plus que je cherche à minimiser leurs crimes, je parle au niveau des conceptions et des émotions qui sont soulevées par vos conceptions. Lorsqu’un homme assassine, du point de vue de la justice divine, il n’est pas question de faire un jugement comme vous jugeriez quelqu’un qui a donné la mort. Du point de vue de la justice divine, c’est tout simplement la mort qui lui est renvoyée. On ne cherche pas à savoir si c’est horrible, si c’est mal ce qu’il a fait, si c’est un acte que l’on ne peut pas accepter. Rien de tout cela n’est éprouvé dans la justice divine. Il y a simplement un couteau qui s’est levé contre un homme, alors un couteau se lèvera contre celui qui a levé le couteau. Si les hommes pensaient un peu plus de cette manière-là, ils arriveraient à faire régner d’avantage de justice auquel ils aspirent. Pourquoi ? Tout simplement parce que l’émotion serait réduite. L’émotion étant réduite, le juge humain ne commettrait pas lui-même de karma émotionnel vis-à-vis de l’assassin et de l’assassiné. Car sitôt qu’un spectateur se met à éprouver de la répulsion, du dégoût, de l’horreur vis-à-vis de l’acte, il se met lui-même dans une résonance et il contracte par là même une forme de karma, le karma de son émotion et de sa conception vis-à-vis du bien, vis-à-vis du mal et vis-à-vis de la terre entière et de l’incarnation. Ce qui fait que la justice divine devient très compliquée parce qu’il ne s’agit pas de juger simplement un assassin et un assassiné, mais aussi un spectateur qui se trouve dans toutes sortes d’émotions, de conceptions et de révoltes. Pour que l’assassin et l’assassiné règlent leur compte plus vite et pour que cette justice s’effectue vraiment et plus radicalement comme l’homme le souhaite, il faut que l’homme ne juge pas l’homme et que surtout il ne dégage pas toutes ces émotions dans lesquelles il se laisse entraîner. Alors, comment faire régner la justice, comment prendre soin de la ville, de la vie des autres gens, parce qu’il faut bien prendre soin de la sécurité d’une société ? Bien sûr. Je te dis simplement fais régner les mêmes articles de lois, édicte les mêmes jugements vis-à-vis des mêmes assassins et des mêmes assassinés, mais pour toi-même. Ne te commets pas dans l’émotion, dans cette révolte, dans cette peur. Reste à part, non pas comme si cela ne te concernait pas. Il y a une grande différence entre ne pas entrer dans l’horreur d’un geste, dans l’émotion suscitée par un geste et ne pas se soucier d’un geste. Il y a une subtile différence et là est l’endroit de la spiritualité. Lorsque l’homme découvre cette subtile différence, alors on peut dire qu’il a découvert la spiritualité. Quelle est donc cette notion difficile si subtile qui permet à l’homme de ne pas être révolté, dégoûté face à un assassinat, tout en ne basculant pas dans l’indifférence, qui est de se laver les mains ? Toute la différence c’est l’émotion. Vous pouvez tout autant vous sentir concernés et responsable de la vie, de la sécurité de vos voisins, de toute une cité et le faire avec un énorme sens du devoir, jusqu’à y perdre votre vie même, sans qu’il y ait jamais l’ombre d’une émotion qui tombe vers le bas, qui tombe vers l’anxiété, vers la révolte, vers le dégoût, vers la peine vis-à-vis de l’assassiné, la colère vis-à-vis de l’assassin. Dans quel sentiment va-t-on se trouver ? C’est un sentiment très difficile à décrire, puisqu’il est au-delà de l’émotion, sans être devenu de l’indifférence. C’est un sentiment épuré, épuré de la peur, épuré de la révolte et qui ne se soucie donc que du bien qu’il peut faire. Ce qui fait que la justice à ce moment-là n’est pas rendue depuis un point de révolte, de peur et d’anxiété, de vengeance, mais est rendue depuis un point qui ne cherche qu’à rééduquer celui qui a commis cet acte horrible. Depuis ce point où l’homme va chercher à rééduquer, il va pouvoir établir la véritable justice et passer par de véritables châtiments, exactement comme le fait la loi de karma. Si bien qu’il sera capable de donner des châtiments très sévères si c’est le châtiment sévère qui est nécessaire. Si par exemple il faut battre un homme à coup de fouet jusqu’à ce qu’il souffre terriblement, le juge qui donnera ce jugement saura que ce n’est que par cette action que cet homme pourra réagir et trouver un meilleur sens à la vie. Et vis-à-vis d’un autre qui aura peut-être commis la même action, mais qui est différent, il rendra un autre jugement. Le juge verra que cet homme-là ne doit pas être harassé par de la violence, mais qu’au contraire il faut le soigner, en prendre soin. Chaque fois cette justice sera un succès. Mais pour que l’homme arrive à cette grande justice, il ne faut plus qu’il soit un homme capable d’être révolté ou capable d’être émerveillé, il faut qu’il connaisse la loi, la loi de Dieu et ainsi il est capable de l’appliquer. Mais avant de connaître la loi de Dieu, il faudra beaucoup, beaucoup évoluer. C’est dans ce sens qu’à chaque âge nous essayons de revoir les conceptions pour que l’homme évolue sans cesse, pour qu’il s’approche de plus en plus de cette véritable justice et que ce ne soit pas simplement le fait de rendre à César ce qui est à César, de rendre à l’assassin ce qu’il a fait, mais pour qu’il y ait une véritable justice. Donc, après tout ce que je viens de dire, que penser sur le rôle de la terre, que représente-t-elle ? Dieu ne laisse rien avoir lieu, comme s’il tournait le dos un instant pour se reposer. C’est cela Dieu, ce n’est pas autre chose. Ce n’est pas le fait qu’une immense sagesse va descendre sur la terre pour faire en sorte que les hommes se pardonnent et oublient. Dans la mesure où nous savons que les âmes ne sont pas encore vivantes, nous n’allons pas, nous-mêmes, tomber dans l’illusion et le rêve, et penser qu’en envoyant la sagesse les hommes vont se pardonner, vont se voir frères et sœurs. Ce n’est pas possible. Donc, pendant un certain temps les miroirs vont s’affronter avec leurs reflets et des nations entières, des peuples vont s’affronter. Et pendant encore des âges et des âges des groupes entiers vont être détruits, vont connaître la souffrance, la mort, les maladies, les incendies, des tremblements de terre. Alors vous allez me dire : « Mais où est-ce que je vais avec ma foi en Dieu. Si l’on ne peut pas changer le monde puisque des peuples, des groupes humains ont contracté des karmas les uns vis-à-vis des autres depuis très longtemps et que l’on ne peut pas dévier ce karma, qu’est-ce que je fais moi, là, au milieu avec ma foi, avec tout ce que je dis et je prétends à propos du nouveau monde, à propos du nouveau messie, à propos de meilleurs hommes et de la fraternité ? » Bien sûr si je te dis ces choses c’est la question que tu vas te poser : « De quoi ai-je l’air, si finalement tout aura lieu malgré tout ce que je pense, malgré tout ce que je crois, malgré le nouveau monde, malgré mes prières ? À quoi je sers ? Je m’amuse avec toi, mais là est un moment très important, je ne vais pas te répondre tout de suite, je veux que tu réfléchisses et que tu obtiennes la réponse toi-même. Là est un moment de spiritualité, pas avant ni après. Trouve. Si je te dis : « Tu n’empêcheras pas les peuples de s’affronter, les maladies de dégringoler. » Alors je te pose la question : « Toi qui as la foi, toi qui fais des prières, toi qui fais des visualisations, toi qui fais des méditations, à quoi tout cela va servir ? » Tu vas me dire, il vaut mieux faire cela que rien du tout et même s’il y a la guerre partout, il vaut mieux qu’un homme soit sur le champ de bataille en train de prier plutôt que de ne rien faire. Tu as trouvé une réponse mais elle peut satisfaire que ta propre peur et la calmer, elle peut de redonner envie d’exister, de croire en Dieu ou d’espérer du moins que Dieu existe. Mais sitôt que l’on te donne un argument pour continuer à avoir de l’espoir, il arrive un événement encore plus fort qui détruit tout cet espoir. Parce qu’au milieu de la bataille tu veux bien croire qu’il n’y a là, pour toi, qu’une épreuve de la foi, mais si ton père meurt dans la bataille, si ton enfant est tué, tu n’es plus capable de ce même espoir. Et vraiment jusqu’au fond de toi tu vas te demander où était Dieu à ce moment-là, qu’est-ce qu’il a fait pour ton enfant et tu vas te replier sur toi-même et tu ne croiras plus en lui. Ou du moins si tu tolères son existence tu ne voudras plus en entendre parler. Et c’est normal, parce que tu n’auras pas sorti hors de toi la bonne énergie, la véritable énergie. Quelle est la conception donc à découvrir à propos de cet homme qui est au milieu de la bataille, des morts, des maladies et qui se demande quoi faire avec sa prière, avec Dieu en personne ? Quelle conception doit-on découvrir ? Suis le développement de ma pensée et tu verras que ma logique n’est pas si bête que cela. Si depuis deux mille ans il est prévu que tel groupe et tel autre groupe s’affrontent et s’entre-tuent, si déjà depuis dix mille ans il est prévu que tel groupe âmes ait un karma vis-à-vis de tel autre groupe d’âmes ou telle énergie (puisqu’il y a plein atlantes en incarnation en ce moment), on pourrait croire qu’on ne peut pas améliorer les choses et que l’on doit se laver les mains et laisser les deux lutteurs ensemble jusqu’à ce qu’ils s’exterminent. Cependant, c’est mal connaître les principes de Dieu et la Loi de la vie en allant d’un extrême à l’autre, de penser à un moment donné que l’on peut tout et à un autre moment que l’on ne peut rien et que finalement tout est déjà tracé. La vérité se trouve dans le milieu. Tu ne peux pas empêcher que des peuples s’affrontent si leur karma est très ancien et que celui qui a été dominé va devenir le dominant. Tu ne peux pas empêcher cela. Mais à l’intérieur de ce karma tu peux faire en sorte que les hommes se libèrent de leur karma. Voilà la raison de ton action, la raison de ta prière, la raison de tes visualisations, la raison de ton sacrifice. Ne fais plus en aveugle des prières pour que la justice vienne malgré tout, comme si on essayait de mettre une nouvelle tapisserie sur une vieille et qu’en plus on espère cacher toutes les difformités du mur, les endroits de moisissure. Un homme mauvais restera un homme mauvais et ce n’est pas parce que Christ va revenir, va apparaître et va le oindre qu’il va devenir bon. Ce n’est pas parce que le nouveau monde sera là, que tous les hommes vont devenir bons. Au contraire le nouveau monde peut être un monde d’horreur si les gens ne changent pas. On ne change pas forcément pour le meilleur. La raison de ton action et de ton sacrifice est qu’à l’intérieur du karma que tu verras se développer entre les peuples, entre les êtres, ou entre les êtres et les énergies comme dans le cas de maladies, n’est pas d’aller à l’encontre de ce karma pour éviter qu’il ait lieu, pour faire en sorte qu’il n’ait plus lieu. C’est cela que tu désires lorsque tu penses établir le nouveau monde, établir la justice. Tu ne t’en étais pas douté parce que tu n’analyses pas assez ta pensée et la portée d’un concept. Et pourtant c’est cela. Ce qu’il faut donc, c’est qu’à l’intérieur de ce mouvement karmique tu te places comme éducateur et que tu fasses en sorte que ces êtres se libèrent de leur karma. Tu deviens alors non pas seulement celui qui parle du nouveau monde et qui fait et qui fabrique le nouveau monde, tu deviens le pardon de Dieu, l’exorciste qui vient au nom de Dieu, le rédempteur. C’est bien mieux que de faire d’un seul coup et en un seul jour un nouveau monde et de nouvelles lois pour que tout ce qui s’y passe soit pour le mieux et qu’il y ait une nouvelle société et de nouveaux hommes, des nouveaux hommes qui croient en de nouvelles règles. C’est très mauvais d’obéir à des règles, très mauvais. Cela cache toujours un diable à l’intérieur et qui ne va pas manquer de se réveiller un jour ou l’autre. C’est pour cela que le nouveau monde, votre nouveau monde, votre bon monde je n’en veux pas, je n’y mettrai pas les pieds. Tout ne serait que mensonge, tromperie, illusion et tout s’écroulerait au premier souffle de désaccord. Je les vois tous ces hommes bâtir un monde idéal où ils prévoient tout, comment cela serait organisé, depuis la boulangerie jusqu’à la justice qui serait rendue au tribunal. Mais ce monde-là ne tiendrait pas une minute, car il y aurait forcément au coin de la rue une prostituée et pourtant, il était prévu qu’elle n’existerait plus. Puis, dans un autre coin de rue quelqu’un pense à ouvrir un débit de boissons et pourtant il est dit, au nom de la nouvelle loi, qu’on ne boirait plus, car l’alcool détruit les cellules, cela rend les gens mauvais et les porte même à l’assassinat, au viol, au vol. Et puis un peu plus loin un commerçant commence à demander un peu plus qu’il ne le devrait et voilà que les idées de la spéculation arrivent à grands pas. En très peu de temps ce nouveau monde vers lequel tout le monde s’était embarqué dans l’espoir d’une vie superbe, libre, où il n’y aurait que papillons, chants d’oiseaux et marguerites en fleurs, cela deviendrait une prison, une affreuse, une terrible prison. Est-ce que cela veut dire que j’aime les prostituées, les bars et la spéculation ? Non. Cependant lorsqu’une prostituée décide de se prostituer, il faut qu’elle aille jusqu’au bout de son acte pour qu’elle en revienne et mon amour sera de la laisser aller jusqu’au bout de l’action. Elle a le droit d’être prostituée. Par contre, ce que je trouve très drôle dans le tableau, irrésistiblement drôle, c’est qu’il y ait tant d’hommes qui aillent vers elles. Car c’est la question qu’il faut se poser voyez-vous. Ce n’est pas le fait que la prostitution existe, c’est le fait qu’il y ait tant d’hommes qui vont vers la prostituée. Le problème, ce n’est pas non plus qu’il y ait autant de bars et tant alcool, tant de marques de vin tous pires les uns que les autres. Mais le problème c’est qu’il y ait des hommes pour les boire. Le problème, ce n’est pas qu’il y ait des commerces et des commerçants. Le problème c’est qu’il y ait un acheteur pour acheter, alors qu’il a déjà tout ce qu’il lui faut à la maison. Mais il achète parce que c’est son plaisir. C’est une autre forme de loisir aujourd’hui. Pour acheter il lui faudra de l’argent, pour avoir de l’argent il va travailler et il n’aura, après, même plus le temps d’acheter. Alors il achètera par catalogues, juste avant de fermer les yeux, de s’endormir. Une dernière petite commande, comme ça, je ferai un joli rêve. Ce que l’homme ne comprend pas, c’est que pour avoir ce pantalon, cette robe, cette paire de chaussures, il va lui falloir se réveiller à six heures du matin, pour aller gagner de l’argent. Et que pendant ce temps, il n’aura pas le temps de voir ses enfants, d’embrasser sa femme. Et qu’en rentrant de sa journée de travail il n’aura pas l’humeur de voir ses enfants et sa femme. Et dès qu’un enfant aura un problème il va plutôt le corriger du haut de son autorité et l’enfant va finir par détester son père. Et en quelques années pour n’avoir acheté que des pantalons, des chaussures, des voitures et des transistors on voit un père et un fils qui ne se parlent plus, qui se détestent. Est-ce que le problème vient du commerçant ? Non. Je dirais pour reprendre un de vos proverbes : le commerçant propose et l’homme dispose. Il appartient donc plutôt, pour employer un mot moderne, aux consommateurs d’être des consommateurs éduqués, plutôt qu’il appartienne à un Dieu ou à une hiérarchie céleste de venir réglementer les prix de vente dans les commerces. Personne ne vous contraint à tous ces achats. Personne ne vous contraint à boire, à aller vers les prostituées. Ce n’est que vous-même qui créé cet esclavage. Mais aveugle, tant aveugle que sont les hommes et ceux qui dirigent les hommes, ils préfèrent rejeter la faute sur une organisation défectueuse. Vous pensez que les Maîtres pourraient venir et nettoyer les rues de toutes ces prostituées. Que les Maîtres pourraient venir et enlever la bourse de dessus le toit du monde pour qu’il y ait un meilleur argent qui circule. Il faudrait que les Maîtres réparent tout. Il faudrait que les Maîtres viennent et corrigent tout ce que les hommes font de travers. Si à tes pieds se trouve un précipice, est-ce que tu vas y sauter ? Non Pensez combien vous redoutez la mort, même si vous avez confiance en la survie de l’âme. Personne n’aime mourir. Alors pourquoi votre vie ne vous fait pas cette même peur. Pourquoi lorsque vous vous levez le matin vous n’avez pas cette même peur, peur de ne pas être assez vivant. Essayez de capter cette émotion. Même si elle est une émotion, celle-ci, au moins, vous fera être des hommes et des femmes différents. C’est ce souci-là que tu dois avoir chaque matin en te levant. Tu ne dois pas avoir peur de la mort que tu auras dans dix, quinze ou trente ans. Je souhaite ne pas mourir noyé seigneur, je souhaite ne pas mourir brûlé, dans un accident de voiture, ou je souhaite mourir conscient. Nous entendons toutes sortes de réclamations. Pas un ne fait la démarche correcte. Seigneur aujourd’hui je vais être vivant. Ça me ferait tant de bien une fois entendre cette réclamation-là. Je vais être vivant, regarde-moi et aide-moi et apprends-moi. On entend plutôt je ne veux pas mourir brûlé, je ne veux pas mourir noyé. Tu ne veux pas mourir mais tu es déjà mort. Par contre si un seul instant tu permets à une brèche de s’ouvrir dans ton esprit et que par cette brèche tu acceptes ma parole, mais aussi celles d’autres. Accepte d’autres concepts, accompagne-moi dans la pensée sur les chemins de la bonne conception et tu verras que ta vie va être radicalement transformée. Non pas que tu deviendras un bon disciple, non pas que tu verras la lumière de Dieu, on s’en moque de Dieu, mettons-le de côté quelques instants, s’il te plaît. Il ne met pas agréable de parler de Dieu, Pourquoi ? Non pas que je n’aime pas parler de quelqu’un qui est plus grand que moi et en ce sens je fais un trait d’humour. Mais il n’est pas nécessaire de parler de quelque chose à un l’homme qui prie dans la dualité et ne pourrait concevoir. Laisse-moi tout le temps de te parler de cette dualité et de t’en retirer et ensuite tout seul comme un grand va voir Dieu. Qu’est-ce que la dualité ? La dualité c’est quand on est prisonnier de ce genre de problème dont j’ai longuement développé le sujet tout à l’heure. Prisonnier d’une émotion, ce n’est que cela. Quelle est cette prison, quelle est cette émotion ? Si je dis prison cela évoque l’idée du piège. Si je dis piège cela évoque l’idée de l’étau. Être serré entre deux murs, deux marteaux, deux notions, deux idées. Ce qui fait que malgré toutes les lois des hommes, la criminalité ne baisse pas, les tremblements de terre ne cessent pas et pourtant les sociétés deviennent de plus en plus structurées, voire internationales. Donc, quoi que fasse l’homme, quoi qu’il invente comme structure pour empêcher le monde d’exploser, il ne pourra pas l’empêcher. C’est pour cela que l’homme doit changer complètement sa vision du monde, afin qu’il soit à l’intérieur de cette explosion comme un doigt de rédemption et ainsi il peut éviter l’explosion. Mais vouloir éviter l’explosion simplement en disposant des couches interminables de coton, de matelas, de murs de toutes sortes, c’est un rêve d’enfant. Et du point de vue financier, on voit bien aujourd’hui sur la planète entière que quoi que l’on fasse pour colmater la brèche, rien ne va empêcher l’argent de s’écrouler et les pays riches devenir des pays pauvres. Vous m’avez bien entendu, les pays riches devenir des pays pauvres. On n’y croit pas n’est pas, on a tellement d’argent en banque, on a tellement d’industries, on tellement de découvertes, on sait tellement mieux faire que les autres. Il est impossible de devenir pauvre. C’est très facile au contraire.
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