Psychologie Cosmique
20-05-90 2/4 Le chantage spirituel
Un homme ne peut pas marcher sur le chemin de la spiritualité sans s’interroger à propos de sa psychologie, de travailler et de nettoyer au niveau de sa psychologie, parce qu’il va simplement nettoyer le monde de l’interprétation. La psychologie en tant que telle n’existe pas. Il n’y a pas Dieu qui a prévu un homme avec un conscient et un subconscient, avec une âme et une psychologie. La psychologie est quelque chose qui se fabrique par la somme des interprétations. Alors comment être un être authentique, riche à la fois de ses expériences pour pouvoir discerner dans chaque autre situation, tout en n’étant pas esclave de ses anciennes interprétations qui auront été pour un grand nombre fort utiles parce que menant au discernement. Je dirais que dans ce cas-là, le comportement à suivre est un comportement de détachement. Ce que j’ai expérimenté et qui m’a fait aboutir à une interprétation, interprétation précieuse, je la garde en mémoire et elle me sert de référence lorsque je vais rencontrer de nouveau telle ou telle situation. Lorsque je suis face à la même situation et de nouveau face à la même conception, ce que je vais devoir faire, c’est faire référence au passé pour voir dans quelle mesure la situation présente y correspond. Et dans la mesure où elle y correspond à cent pour cent, je peux ressortir l’entier de mon information passée. Mais si par hasard la situation présente n’a que cinquante pour cent de correspondance avec le passé, je ne devrais prendre dans mon information passée que les cinquante pour cent qui correspondent, et les autres cinquante pour cent sont une nouvelle expérience. C’est comme cela que l’on arrive à développer une interprétation pour la porter de son point le plus bas à son point le plus haut. Mais la plupart des hommes reviennent en bloc avec leur première interprétation. Ainsi les situations se répètent et jamais ils n’arrivent à pousser plus loin leurs comportements, leurs idées, leurs philosophies ou leurs interprétations. Et ainsi l’homme reste au même plan pendant toute une vie, plusieurs vies parfois. L’homme ne doit pas être attaché à ses idées même s’il est important de pouvoir faire référence à des expériences passées pour en retirer un discernement. Il ne doit pas être attaché à ses idées comme si ses idées étaient des bouées de sauvetage, que dans tel cas je sorte telle bouée parce que je me souviens de telle circonstance. Là, nous venons d’évoquer un grand frein, un grand obstacle face à la spiritualité et à l’évolution, c’est la peur. Chaque fois que l’homme se trouve devant une situation, que ce soit la même que celle déjà vécue ou légèrement différente ou complètement nouvelle, face à elle il ne connaît que la peur. La peur de se tromper, la peur de ne pas réussir, la peur de passer pour un imbécile, la peur de risquer gros comme vous dites. Et dès que cette peur envahit l’individu, l’homme est coupé de tous ses moyens d’intelligence. C’est-à-dire que par cette vibration inférieure qu’est la peur, l’homme se coupe de toute la connexion qu’il pourrait avoir avec l’âme, l’intuition, l’inspiration et il se met à réfléchir uniquement avec la cervelle. Et si dans cette cervelle il y a des références par des expériences passées, l’homme va très vite contre-attaquer et s’il n’y a pas d’information, il va être terrorisé et va vite s’inventer un comportement. La spiritualité c’est obtenir le comportement juste. Ce n’est ni chercher Dieu, ni trouver Dieu. Je l’ai dit si souvent et je le répète chaque fois, la spiritualité ce n’est pas aller vers Dieu. Dieu est déjà en lui-même, alors il se moque des hommes, il se moque de lui-même, il se moque de tout. Votre Dieu intérieur, vous-même, votre étincelle divine elle s’est déjà trouvée, elle est déjà elle-même. Donc il ne faut pas imaginer qu’il y a un pauvre homme qui court après Dieu, un Dieu qui se cache dans le fin fond de l’atome ou de l’univers. La spiritualité c’est découvrir le comportement juste et devenir une idée juste. C’est donc un travail de mesure, de découpage, un travail de pesée. Ce n’est pas un travail de dévotion, d’adoration, un travail de recherche puissante dans les livres et de stockage d’informations. Ce n’est pas un travail d’ascèse, ce n’est pas se mettre sur un bûcher pour devenir pur, ce n’est pas offrir sa vie à tous les malades et tous les pauvres. Bien sûr, toutes ces choses sont belles, mais si on les fait uniquement pour aller vers Dieu alors on ne le rencontre pas. Lorsque l’on veut aider les hommes, il faut aider les hommes. Qu’est-ce que c’est que cette attitude égoïste, qu’est-ce que c’est que ce chantage spirituel, « regarde Dieu comme j’aide tes pauvres, comme cela, tu me donneras le paradis ». Quelle horreur ce comportement. Plus d’un disciple en est réduit à ce chantage. Ils pensent, plus j’en ferai pour les autres, plus Dieu me remarquera, plus la lumière augmentera, plus je serai protégé, c’est mon évolution qui est en jeu à travers mon service. Ce qui fait que de façons très égoïste et très noire le disciple se met à acheter Dieu avec le nombre de bonnes actions. Il n’y a rien de plus pitoyable que ce genre de comportement, ce genre de moralité, et il ne voit même pas à quel point il est mesquin en pensant et en faisant ces choses. Il pense, au contraire, gagner la faveur de Dieu ou être bien vu des Maîtres, ou mettre plus simplement du bon karma dans sa balance. Mais comme le monde spirituel est le monde de l’idée et de l’intention, même si un homme use sa vie qu’à de bonnes actions apparentes, à partir du moment où son idée n’aura pas été fondamentalement la bonne et juste, il n’aura rien fait pour son évolution. Il y aura un certain karma qui lui sera rendu comme étant bon parce qu’il aura soulagé, mais cela ne lui apportera pas l’illumination et encore moins le regard du Maître. Au contraire, le Maître va l’enfoncer à l’endroit où le monde est le plus noir et ténébreux, où il y a le plus de problèmes pour que l’homme arrête de travailler pour lui-même, arrête de se servir des pauvres, des malades pour aller vers Dieu, et qu’il soit sensibilisé par cette misère extrême de certaines personnes afin que d’un seul coup l’homme serve l’homme que pour l’homme et qu’importe Dieu, qu’importe kundalini, qu’importe le salut. Je suis là au milieu des autres hommes et je les aide. Et c’est un acte d’amour et gratuit, il n’y a aucun chantage. À partir du moment où le Maître voit dans l’acte du disciple cet éclat de compréhension, cette idée juste, ce sentiment juste, alors tout lui est accordé : la vision, la protection, le travail, les connexions, la dimension d’un destin. Tout devient possible parce qu’il entre dans une réalité. On ne peut pas entrer dans la réalité si on arrive comme des ânes chargés de mauvais sel et de mauvais savon. Il va falloir se débarrasser des marchandises. On ne peut pas ni acheter Dieu, ni acheter le ciel, il faut surtout que l’homme soit conscient de cette attitude. Beaucoup d’hommes agissent de la sorte et ne sont pas véritablement conscients. Si chaque homme pouvait véritablement se voir, s’analyser et analyser le fin fond de chaque motivation, il pourrait être son propre Maître. Il n’aurait ni besoin de guide, ni besoin de télépathe, ni de Sage, ni de Maître, il se corrigerait de lui-même. Mais voilà, pour être capable d’une telle correction, il faut aussi être capable d’une grande humilité. Or, beaucoup d’hommes ne peuvent pas se corriger parce qu’ils ne veulent pas se voir mauvais, mesquin, bête, mal orienté. Ils veulent toujours avoir d’eux-mêmes une image qui les rassure, qui les rend beaux, qui leur donne l’impression de créer du karma positif. Alors ils mettent dans le cosmos des actions pour engendrer un karma positif comme ils mettent de l’argent à la banque pour les mauvais jours. Mais encore une fois, comme le monde de la spiritualité est le monde de l’idée, on ne peut donc jamais tromper ni les Dieux, ni les Maîtres, ni l’âme, car tant que l’idée n’est pas juste l’homme devra refaire le devoir. Alors comment doit-on peser une idée pour que petit à petit elle devienne une idée juste ? Parce qu’il est certain que la première idée que l’on aura ne sera pas forcément l’idée juste et si l’on n’a pas un Sage près de soi, ou si l’on n’a pas de livre ou de conseils philosophiques, on ne pourra pas orienter l’idée. Comment orienter une idée ? On va d’abord penser l’idée au lieu de la vivre tout simplement. Beaucoup de gens ne peuvent pas analyser leurs idées, leurs pensées parce qu’ils les vivent trop intensément. L’émotion se met de la partie et automatiquement l’homme dit : c’est mon idée, j’y crois et personne ne la changera. Cela devient un acte de foi. Ce qui va permettre à l’homme d’analyser sa pensée, c’est l’écart qu’il va créer entre la pensée et l’émotion suscitée par la pensée. Je ne dois donc jamais soulever l’émotion face à l’idée qui s’éveille et que j’entretiens. Je dois dissocier l’émotion de l’idée et ensuite je prends l’idée comme le plan d’une maison, comme si j’étais un architecte et je regarde les fondations de ce bâtiment qu’est l’idée. C’est là que j’observe la base, sur quelle base j’affirme ceci ou cela. C’est à ce moment-là que l’homme va découvrir qu’en fait il n’a pas une idée neuve, d’aujourd’hui, mais que cette idée est venue à cause d’une expérience passée ou une expérience qui ressemblait à celle de maintenant. Il va découvrir qu’il n’est pas neuf face à la situation et qu’il est déjà fortement programmé, que son idée ne lui appartient pas, mais à tout son monde subconscient et son monde émotionnel, de sa mémoire. L’idée d’aujourd’hui n’est donc pas un acte d’intelligence comme il le croit, mais c’est un acte de la mémoire tout simplement. Je vais prendre un exemple tout simple, par exemple un chien qui attaque un homme. L’homme se fait mordre et il est vraiment blessé. Les années passent, il fonde une famille et l’enfant réclame un chien pour le foyer et le père dit non, je n’aime pas les chiens. L’enfant est obligé d’admettre ce verdict. Si le père a véritablement le réflexe d’analyser pourquoi le chien ne lui convient pas, il va découvrir qu’en fait il a engendré une crainte, une peur, uniquement à cause d’une morsure qu’il a expérimentée des années auparavant de la part d’un chien sans collier. C’est un exemple très bête, très simple, mais c’est pourtant le style de construction que tous les hommes emploient pour décider si tel homme est bon ou si tel autre est mauvais, si telle idée est bonne ou si elle est mauvaise, si la spiritualité est ceci ou si elle est cela. Tout le monde emploie le même schéma de construction et c’est ce schéma-là qui doit cesser. Je ne peux pas avoir une idée qui soit un acte d’intelligence si mon idée est simplement créée par ma mémoire. Mon idée sera alors créée par l’intelligence ou mon émotion dont j’étais capable il y a dix ans, quinze ans ou vingt ans. Et entre-temps toute l’évolution acquise sera donc reniée, balayée. Ce qui fait que l’homme n’arrive pas à changer, c’est qu’il se réfère trop souvent à sa mémoire par peur du présent. Non pas parce qu’il sait que dans sa mémoire il y a le discernement, la bonne expérience qui le prépare à ceci ou à cela. C’est faux, ce prétexte-là est faux. C’est uniquement la peur. Donc, tant qu’un homme n’est pas débarrassé de la peur, il ne peut pas concevoir une idée juste, il ne peut pas marcher vers la libération. Et s’il pense faire de la méditation ou faire du Yoga, il se trompe. Il met simplement du maquillage sur son visage pâle, mais il ne se découvre pas un nouveau visage. C’est faux. Comment donc peser l’idée ? Lorsque l’on aura fait référence ou lorsque l’on se sera souvenu de tout ce qui était dans la mémoire et qui préprogrammait l’idée qui a germé d’un coup, on va pouvoir être libre de l’interpréter à nouveau et avec l’identité que l’on a aujourd’hui en ce moment-ci. C’est comme cela que l’idée peut évoluer, que l’on peut se trouver en train de changer de comportement. Comment analyser l’idée une fois que l’on est débarrassé de la marque du passé ? Il va falloir prendre le pour et le contre de l’idée. C’est un fonctionnement très simple mais qui permet de dégager une grande puissance d’analyse, une grande sagesse. Pourquoi ? Tout simplement parce que l’homme va s’apercevoir que si une idée peut avoir un pour et un contre, la réalité de l’idée va donc être au-delà de ce pour et de ce contre. Si une idée peut comporter un pour et un contre, c’est que ce n’est pas l’idée juste. Si par exemple j’imagine du froid et du chaud et que je les mélange, je n’aurai pas la température, le confort. Donc la température c’est ce qui va s’extraire de ce chaud et de ce froid, mais c’est au-delà du conflit entre le chaud et le froid et généralement c’est la synthèse des deux. Donc, pour obtenir l’idée juste, il ne suffit pas d’avoir un avis, d’avoir lu, d’être devenu ou considéré comme intelligent. Il faut pouvoir marquer la distance, dépouiller la mémoire, trouver la thèse et l’antithèse, et en changeant de dimension d’être capable de découvrir la synthèse. Cette synthèse ce n’est pas la réunion du pour et du contre comme si l’on mettait du blanc et du noir ensemble. Non. Réunir le pour et le contre c’est rester au niveau de la spéculation à propos du pour et du contre. La synthèse est quelque chose qui est au delà et qui va aboutir vers une grande illumination mentale au moment où vous allez pouvoir dépasser cette idée articulée en tant que dualité. En fait, tout l’exercice mené au cours de la pensée dualiste n’a pour but que de vous amener à cette vision grandiose, c’est comme une illumination. Lorsque j’aurai épuisé l’activité cérébrale entre le plus et le moins et l’activité cérébrale n’est pas capable d’autre chose que la spéculation sur le plus et le moins, à ce moment-là je déclenche l’activité du mental supérieur et j’obtiens la vision de la chose. Je n’ai plus besoin d’analyser, je n’ai plus besoin de chercher à propos de l’idée, le voile se lève et je contemple l’idée, je contemple la réalité de l’idée. Comment s’y prendre de manière plus concrète ? Prenons un exemple, nous allons prendre l’amour parce qu’il est facile de démontrer le pour et le contre de l’amour. Si on analyse le pour et le contre on pourra remarquer que l’amour c’est pour se donner aux autres, tout pardonner, l’amour chrétien comme on le nomme si souvent. Et dans le contre on verra que l’amour chrétien est parfois ennuyeux parce qu’il n’est pas agréable de tendre l’autre joue à celui qui nous a frappés et que même le plus souvent c’est un manque d’intelligence que de lui tendre forcément l’autre joue. Ce qui fait que le disciple est perturbé parce qu’il ne sait pas ce qu’il doit faire entre l’amour chrétien absolu et l’intelligence qui le pousse en lui disant attention défends-toi, ne te laisse pas prendre, sois méfiant. Ce qui fait que d’un seul coup l’amour devient pour lui un grand sujet à énigmes et il se trouve partagé entre de temps en temps des actes chrétiens où il va tout pardonner, tout admettre, ou il va se retourner et être en colère. Le disciple est généralement étiré entre ces deux comportements. Et lorsqu’il va se regarder dans la glace il va avoir honte de lui-même, c’est normal, et il va trouver que le chemin qui mène à Dieu est long et difficile. Les deux comportements sont délicats et sont difficiles parce que le disciple n’a pas réfléchi, il n’a pas réussi à obtenir l’idée juste. Qu’est-ce que l’amour, as-tu réfléchi ? Ou t’es-tu contenté de te rappeler que dans tel cas avec les bonnes gens il est facile d’être aimable et que dans un autre cas avec les mauvaises gens il faut se défendre, se replier, faire face et même contre-attaquer, Si tu penses de la sorte c’est que tu fais référence uniquement à tes expériences et tes expériences en tant qu’être fragile qui ne savait pas intelligencer le monde et assumer son statut d’humain. Maintenant réfléchis à propos de ce qu’est l’amour un tout petit instant et avant que je te réponde. Qu’est-ce l’amour ? Est-ce que c’est s’offrir corps et âme quoi qu’il arrive, quoi que l’on nous fasse ? Mais qui me dit que lorsque j’aurai le discernement ou lorsque je serai clairvoyant je saurai voir celui qui est mauvais et celui qui est bon ? Cela veut dire que face à celui qui est mauvais tu ne seras pas amour, tu seras en autodéfense ou en attaque et en jugement, et que face à celui qui est bon tu seras tout miel, tu seras tout amour. Mais alors moi je te dis : savoir qui est en face de toi pourra te permettre de le juger, de prévoir ou de prévenir une situation, mais ce n’est pas cela qui te fera être amour, puisque vis-à-vis du méchant tu vas contre-attaquer. Donc le discernement n’est pas véritablement utile vis-à-vis de l’amour. La clairvoyance non plus. Ce n’est pas ce qui permet à l’homme d’être amour quand il le faut et contre-attaquer quand il le faut. L’amour c’est autre chose. Même un aveugle peut appliquer la loi d’amour, même le plus aveugle d’entre les hommes. Comment cela se fait ? Pour comprendre ce qu’est l’amour il faut se placer au-delà du monde de l’action, parce que c’est dans l’action qu’on va découvrir qu’il y a de mauvaises actions et que l’on va donc quelque fois être en danger et rencontrer de mauvaises gens. Le fait de rencontrer de mauvaises intentions cela appartient au monde de l’action. Il ne faut pas mélanger le monde de l’esprit et le monde de l’action. Autrement dit, tu peux être tout amour sans aucune condition, sans aucun jugement, sans avoir besoin de savoir qui est en face, parce que tu dois être amour vis-à-vis de l’esprit de l’autre. Et lorsque tu contempleras son action, tu seras simplement et sans réfléchir renvoyer la balle mais sans aucune intention, faire miroir, ou bien réparer la faute pour lui démontrer comment on agit sur la terre, car beaucoup de personnes font des erreurs par manque de conscience, manque de connaissance, automatisme, aveuglement. Les gens ne cherchent pas forcément et tout le temps à vous faire du mal. Beaucoup trop de disciple pensent que le monde est rempli de gens mauvais, que le monde est rempli de profanes et que le profane ne peut faire que de mauvaises choses. Le monde est avant tout celui de l’action et il va y avoir des gens que vont agir avec conscience, analyse ou pas, et s’ils agissent sans conscience et analyse, ils vont commettre beaucoup d’erreurs, de mal et de préjudices. Il faut cesser d’identifier les hommes à leurs actions manquées, à leurs actions ratées. Il faut cesser d’identifier untel comme ayant mauvais caractère à cause d’une multitude d’actions ratées, il faut au contraire l’aider à obtenir la prochaine fois l’idée juste, l’action juste, et pour cela il faut lui expliquer et sitôt que la chose est expliquée il faut l’encourager à s’en souvenir. Par contre, si après avoir été mis au courant il recommence son erreur, alors il faut le corriger rudement, voir même l’exclure, jusqu’à ce que l’automatisme qui est en lui et qui le fait chaque fois refaire la même erreur, meure. Donc, quelle est la part d’effort et d’ascèse juste dans la spiritualité ? Cette part est uniquement au niveau de la conception, que ce soit la conception de l’amour ou la conception de Dieu. Il est très important de réfléchir à propos de Dieu. Je vais vous poser une question et vous allez y répondre mentalement. Voilà une étrange chose, et c’est le comportement des humains. Vous allez me répondre : « c’est la beauté et la grandeur de la foi. » Alors qu’elle est cette pulsion ? Eh bien, d’abord, si vous acceptez ma parole, je vous dirais que toute pulsion vers la divinité, à la base, n’est qu’une pulsion de superstition, ce n’est pas un acte d’amour. Cela devient un acte d’amour lorsqu’un homme est capable de regarder un mourant et continuer à aimer Dieu sans se poser aucune question sur Dieu, même si c’est l’être le plus cher de votre vie qui est en train de mourir. Quelle est l’ampleur de cette superstition et pourquoi cette superstition existe-elle ? Elle existe tout simplement parce que l’homme en tant qu’incarné, surtout l’homme de l’époque actuelle, est un être rempli d’inconscience pour l’instant. Ce qui fait qu’il va dépendre d’un certain nombre d’élans venus de son archétype spirituel, mais qui à force de passer à travers cet inconscient vont devenir plutôt des instincts que des inspirations. Ce qui fait qu’un élan parti de l’archétype spirituel en tombant dans toute l’épaisseur du sommeil de l’inconscience du disciple va se réveiller au peu de conscience dont est capable le disciple uniquement en tant qu’instinct et superstition. C’est le prix du sommeil malheureusement. Alors il faut se réveiller. Si l’on ne veut plus payer ce prix-là, il faut se réveiller et c’est quelque chose de très facile. Mais pour se réveiller, il faut accepter de changer de réalité. C’est un peu comme changer de pays, d’un coup il faut changer de maison, quitter le beau jardin, quitter de climat, quitter ce bon vieux portail qui grince lorsqu’on le pousse. Toutes ces choses-là sont dures à quitter. Elles attachent l’homme parce qu’elles lui composent univers. L’homme n’aime pas quitter un univers pour aller vers un autre qu’il ne connaît pas et qu’il n’a pas encore construit. C’est là, où l’homme doit être capable, non pas d’un grand courage, je me dépouille d’un monde que je connais pour aller vers un que je ne connais pas. Ce n’est pas un acte de courage, je dirais que c’est simplement la volonté de survivre, parce que c’est un acte de survie, ce n’est pas autre chose. Les hommes appelleront cela : faire un pas dans l’évolution, être détaché, être capable de quitter tel ou tel endroit ou telle ou telle personne. L’homme invente toujours toute une série de mots pour rien et en plus pour aboutir à une idée fausse. Ce n’est ni du détachement, ni du courage, c’est un être intelligent qui sait apprendre à survivre. Automatiquement en apprenant à survivre, il se dirige vers la vraie vie, une vie éternelle. Comment se fait le pas vers cette vie ? Il se fait en se déshabillant tout simplement. Il ne faut pas imaginer qu’aller vers la spiritualité c’est devoir chercher son maître, entrer en connexion avec son âme. Combien de disciples se posent jour et nuit cette question : comment entrer en contact avec mon âme ? Quels exercices me permettront de dialoguer avec mon âme, de ressentir, de voir mon âme ? Mais tout cela n’est que du cirque et surtout un très mauvais film. Encore une fois, je le répète, ce ne sont pas ces choses qui mènent à Dieu, et tout être qui fait ces choses pour aller vers Dieu est un voleur, un menteur, un maître chanteur. Il est pire que le profane qui dit à Dieu : Peut-être que tu existes, mais pour l’instant tu ne m’intéresses pas alors laisse-moi vivre. Rien n’est pire que de faire du chantage vis-à-vis de Dieu et de la loi. Ces actes doivent être faits pour l’amour des autres, pour l’amour de celui qui souffre. Il ne faut pas mélanger les deux, car comme vous le dites vous-même dans ce cas là, qui fait l’ange fait la bête et quelque fois cette bête là porte une robe de cardinal ou des longs cheveux de prophète, ou des longues mains de guérisseur ou de guérisseuse, mais ce ne sont que des menteurs. Alors veillez à ne jamais être des menteurs. Personne ne vous juge. Lorsque vous faites quelque chose ou que vous dites quelque chose personne ne vous juge. C’est simplement la mesure de la loi qui vient dans la balance et qui cherche à peser. Tiens, telle pensée ou telle idée dans la balance ne fait pas le poids et l’homme doit donc de nouveau revenir en expérience. Le monde de la spiritualité est un monde clos, ce n’est pas un monde extraverti, un monde ouvert sur le Maître, ouvert sur le cosmos, ouvert sur Dieu. Pas du tout, comprenez cela, même si je ne vous avais fait admettre que cela ce soir, j’aurai bien travaillé. Il n’est pas question de chercher et de trouver le Maître, de chercher et de trouver Dieu, de chercher et de trouver la lumière. La spiritualité est un monde intérieur, un monde clos, et comme on fait son lit on se couche. Vous-même avez inventé ce proverbe. Si je pense telle chose, je vais planter ce fruit et je vais devoir le manger. Le problème pour le disciple va être de savoir reconnaître ses pensées et là est un grand moment d’humilité, un grand moment d’analyse, savoir reconnaître ses pensées, reconnaître ses motivations, reconnaître ses inclinations. Il lui faudra donc être authentique. Le disciple qui n’est pas authentique ne peut pas être ni un disciple, ni un serviteur, il ne faut pas se leurrer. Même s’il accomplit de grands services dans tous les hôpitaux, dans toutes les infirmeries, dans toutes les villes et les jardins du monde, il n’aura pas gagné un tout petit éclat de lumière. Au contraire il s’enfonce dans l’illusion. Il faut donc se regarder, se regarder penser, se regarder agir et il faut être la juste mesure, le juste poids. C’est ce qu’on appelle son archétype, c’est ce qu’on appelle le moi supérieur et c’est ce moi supérieur qui fait le poids dans la balance qu’est la vie de l’homme. Et la personnalité qui est de l’autre côté, qui est sur l’autre plateau doit trouver le moyen de mettre le poids juste de façon à être en équilibre et par cet équilibre être en alignement avec ce moi supérieur. Et par cet alignement, être une synthèse. Il n’est donc pas question d’une multitude de guides qui jugent, qui regardent, de Dieu qui juge qui regarde. La vie est une histoire d’homme, la vie est une affaire d’homme et la spiritualité reste une affaire d’homme elle aussi. Mais pour être une affaire d’homme, il faut que ce soit une affaire d’homme responsable, d’homme qui arrêté de rêver, de s’imaginer d’être couvé ou châtié par des Maîtres ou des Dieux. C’est toute l’enfance qui réagit comme cela. C’est l’enfant qui craint l’autorité du père ou de la mère. C’est l’enfant qui veut faire plaisir à papa et maman, c’est l’enfant qui cherche à être aimé par papa et maman, mais ce n’est pas l’homme. Ce qui ne veut pas dire que lorsque l’on est devenu adulte, que ce soit dans la vie sociale ou dans la vie spirituelle, on se moque de l’existence de Dieu et l’on aime plus Dieu, on n’a plus à aimer Dieu parce que l’on est devenu grand. Non, je ne dis pas cela. Je dis simplement que lorsque l’on cesse d’être un enfant qui cherche à être aimé, de plaire à un Dieu et à craindre l’autorité d’un Dieu, on découvre la véritable identité de Dieu et l’on est plus que jamais capable de respecter ce Dieu, de servir et d’aimer ce Dieu. À ce moment-là, c’est les deux genoux à terre que l’homme regarde la lumière Dieu. Et en même temps qu’il a les deux genoux à terre, il est l’homme le plus libre, le plus indépendant par rapport cette lumière. Tiens ! Voilà un étrange paradoxe. Il a longtemps que je ne vous avais pas servis de paradoxe encombrant. Il n’y a pas d’autre façon de vivre et d’être.
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