Psychologie Cosmique
19-05-89 1/2
La fête du Wesak Question : Que penser, que dire de la fête du Wesak ?
Lorsque quelqu’un parle, que ce soit une voix venue d’ailleurs, de plus haut, ou que ce soit une voix qui vienne de votre voisin, de votre ami, lorsque quelqu’un parle, il y a communication. Communiquer n’est pas simplement le fait de dire, d’affirmer quelque chose. Donc ce n’est pas un travail mental. Dans la communication que ce soit par la parole ou tout autre moyen, il y a un grand phénomène alchimique. Tous ceux qui s’intéressent à l’alchimie doivent absolument méditer, approfondir, essayer d’aller très à l’intérieur du sens de la communication. Car tout est communication, et pas simplement l’échange verbal que l’on connaît tellement dans la société actuelle. Communiquer, c’est donc transmettre une substance. Il y a des paroles, des échanges sur le plan verbal, sur le plan gestuel, qui ne sont en rien des communications. La société est pleine de ces échanges qui n’apportent absolument rien de positif et quelquefois tombent même dans le négatif. Toute la société échange, communique telle qu’elle le croit. Chacun a l’impression de se parler. Il suffit d’ouvrir la radio pour écouter les informations, les témoignages de quelqu’un et l’on croit ainsi que les communications, que les échanges sont devenus beaucoup plus faciles. On peut parler à son médecin, à son coiffeur, on peut se confier à l’époux, aux amis, au curé. On a l’impression que l’on peut énormément parler et que l’on parle beaucoup. Pour qu’il y ait véritablement communication, il faut qu’il y ait aussi quelque part une réception. Il ne peut pas y avoir communication s’il n’y a pas réception. Qu’est-ce donc que le cœur de la communication ? Le cœur de la communication, c’est cet endroit dans la vibration, dans l’espace, où celui qui dit et celui qui entend vont se rencontrer. Cela paraît assez bête de décrire ce processus, en tout cas sans aucune importance pour la spiritualité, mais c’est en négligeant des petits points, comme cela, que l’individu fait des efforts mal dirigés, et au lieu de développer sa spiritualité, il développe ses frustrations, ses incommunicabilités. Si bien que lorsqu’il veut communiquer avec Dieu ou avec un ange, avec les maîtres, il s’aperçoit qu’il n’est le point d’aucune réception. Si tu ne commences pas par écouter ton voisin, tu ne pourras pas entendre la voix de Dieu. Car c’est exactement la même oreille, c’est le même point qui servira de réception. Celui qui n’est pas le point d’une écoute, d’une capacité d’écoute, ne pourra pas plus entendre son voisin qu’entendre Dieu ou les Maîtres, ou la voix de son moi supérieur. Nommez le phénomène comme vous voulez. Pour en venir donc à la pleine Lune du Wesak, comme à toutes les pleines lunes, ainsi qu’aux solstices et aux équinoxes, à tous ces moments donc cruciaux, où des planètes jouent des rôles primordiaux face au soleil, ou le soleil joue un rôle primordial face à la terre et à l’homme, à tous ces moments, qui sont des portes ouvertes sur l’univers, sur des hiérarchies, ou sur des forces telluriques de la terre, il faut, avant tout, savoir écouter. Celui qui ne sait pas écouter ne pourra ni rencontrer le Maître, ni rencontrer sa propre âme, ni rencontrer son voisin. La capacité d’écoute est une attitude qui n’est pas simplement intérieure, c’est aussi un état qui caractérise la personnalité.
On ne peut pas arriver, depuis la vie de dehors, depuis la vie de sa personnalité encore trop imparfaite, s’asseoir, méditer et espérer communiquer, lire dans l’univers les grands arcanes. C’est impossible, car le travail qui va vous permettre de lire dans l’univers, de parler avec Dieu, une énergie ou une intelligence, ce n’est pas l’instant de la méditation, ce n’est pas l’instant de la pleine lune, ce n’est pas l’instant de Noël, de Pâques, du solstice. C’est complètement faux, l’instant n’y est pour rien. Il est là parce que telle est sa nature d’exister, comme le Christ est là, sur la terre, parce que c’est sa nature d’y demeurer. Est-ce que les hommes rencontrent le Christ pour autant ? Rien n’a lieu dans la mesure où l’individu choisit d’ignorer ce qui a déjà eu lieu malgré lui. Si la chose n’arrive pas, parce qu’elle n’a pas lieu pour lui, elle peut arriver aux autres, mais dans son petit univers à lui l’influence n’arrive pas. Ce qu’il faut donc comprendre pour espérer une communication, une communion, une osmose, avec quoi que ce soit, avec une entité, un plan, ou la lumière, c’est qu’il ne faut pas simplement faire la chose qu’il faut au moment X ou Y, il faut aussi, petit à petit, préparer toute la substance que vous représentez en tant qu’individu, et cette substance se prépare pendant des mois, voire des années. On ne peut pas, comme cela, dévisser sa tête de profane pour mettre dessus les épaules la tête spirituelle, et être spirituel. C’est impossible. On ne peut pas changer de tête. On doit être une tête, et cette tête va pouvoir faire plusieurs choses. Elle va pouvoir compter, quand il s’agit de gérer une entreprise, un métier. Elle va pouvoir analyser, quand il s’agit de penser, et elle va pouvoir communiquer quand il s’agit de s’ouvrir à la lumière. Le but des exercices, que ce soit à la pleine lune du Wesak ou à quoi que ce soit d’autre, est d’amener l’individu à son plein développement. Vous ne pouvez pas être monsieur ou madame X ou Y pendant huit heures de travail, puis le soir aller à des séminaires ou des rencontres et espérer être monsieur ou madame autre chose. Vous allez toujours être la même personne, parce que vous venez avec ce que vous êtes. La spiritualité ce n’est pas ce que vous imaginez, ce n’est pas ce que vous nourrissez à l’intérieur de vous, comme ambition, comme désir. La spiritualité c’est l’instant, non seulement présent, mais l’instant présent à tous moments. Il vous faut, dans tous les cas, dans toutes les circonstances, même si ces circonstances appartiennent au passé, être dans l’instant présent. Quelquefois, il faut retourner dans le passé, revivre certaines choses pour en éliminer la trace. Le passé revient toujours sur l’individu, il a fait sa marque, et demande toujours son tribut. Il faut qu’il ressorte pour devenir un instant présent dans la mesure où, ayant été mis dans la mémoire, il n’a pas eu l’occasion d’être un instant présent. Cela veut dire que tous les moments passés dans la mémoire sont des moments qui n’ont pas été vécus. L’individu a nourri un blocage ou une absence et il n’a pas pu vivre réellement l’instant. La conscience et tout le processus de l’évolution et du témoin qu’est l’âme, prend et loge l’instant dans la mémoire pour qu’il ressorte à un autre moment où il va pouvoir être pleinement expérimenté. Un individu qui vit donc constamment dans l’état et dans l’instant présent est un individu qui ne construit, ne nourrit et ne porte pas de mémoire. Ce qui ne veut pas dire que c’est un être sans mémoire. Non. Il se souvient parfaitement, peut-être mieux que tous les autres. Cependant l’instant ne l’a pas programmé, ne l’a pas incité à déterminer un comportement ou provoquer une réaction. Donc l’instant n’étant pas un conditionnement, l’individu ne se trouve pas préfabriqué. Celui qui est préfabriqué va, dans certaines circonstances se rapprochant de l’instant critique, se trouver en état de réaction. Les circonstances, comme une teinture qui ne s’en va pas, vont ressembler à la circonstance en question et, dès qu’elles arrivent, vont se trouver teintées de la même couleur. L’individu voyant la couleur se glisser devant ses yeux va réagir, de la même façon que vous réagissez à la couleur rouge aux feux de croisement. Si vous voyez la couleur verte, vous savez que vous pouvez passer. L’individu est non seulement une palette de couleurs qui va réagir, c’est aussi un réseau électrique qui va faire en sorte que la couleur puisse devenir active et se réaliser en tant qu’émotion, prise de position, idée, état d’âme, état d’esprit etc. Tout se joue sur le clavier qu’est l’être humain. Si ce clavier n’a pas encore décidé qui serait le pianiste, s’il n’y a pas de pianiste pour déterminer la musique et la jouer, c’est tout simplement l’environnement qui vient et qui tape. Cette réaction existe parce que, le clavier, qui est l’être avec tout son réseau de notes et de couleurs, a permis à une main invisible de venir frapper sur ses touches. Comment faire pour pouvoir, non seulement intégrer toutes les choses qui paraissent négatives autour de nous, mais pour, en plus, pouvoir jouer nous-mêmes notre propre musique ? C’est cela la pleine lune du Wesak. Ce n’est pas espérer la venue d’un Dieu qui a promis d’être là, à cette heure-ci, pour faire méditer, pour ouvrir les chakras, pour offrir une énergie, pour accélérer une évolution. Non. La communication, qu’elle soit faite vers un Bouddha, un Christ, un autre Dieu, ou vers un autre homme, ne commence pas en haut, elle commence en bas. Ce qui fait que les individus qui imaginent qu’au Wesak il va se passer des choses extraordinaires, qu’il faut essayer d’ouvrir les chakras, d’ouvrir son âme pour communiquer avec Dieu, pour communiquer avec le grand principe Bouddhique, sont à des millions de kilomètres de la réalité de la pleine lune. Qu’est-ce donc que la réalité ? Si pour entendre le haut, il faut commencer à entendre le bas, cela nécessite donc que l’on ait le sens de la réalité et que l’on connaisse ce qui est réel, afin de commencer à travailler sur le réel et non pas sur la projection, le rêve, l’imagination, ou les suppositions. Le réel c’est qu’il y a un homme et qu’il y a une communication possible avec l’objet avec lequel il veut communiquer. Il ne faut pas penser que l’objet avec lequel on veut communiquer soit profondément enfoncé dans des dimensions lointaines, comme une planète, un soleil, ou une galaxie. Les dimensions étant apparemment éloignées, sont en même temps extrêmement proches. L’homme est la synthèse de toutes ces vibrations. C’est ce qui permet à l’homme d’être instantanément en communication avec une autre dimension, que cette vibration soit véritablement à l’extérieur de lui ou à l’intérieur de lui, selon ce qu’il suppose. Rien n’est véritablement à l’extérieur de vous. Tout est, en fait, à l’intérieur de vous, au même endroit, sur le même point, sur la même ligne. Il n’y a pas là, à cet endroit-là, le plan physique, puis au-dessus, un peu plus loin, à cause du type vibratoire, le plan éthérique, puis, un petit peu plus haut, le plan astral et plus haut, le plan mental. Et ainsi on met Dieu et le soi suprême, l’âme de l’individu, en haut de la Tour de Babel. Et que se passe-t-il ? Puisque la Tour a été construite pour aller chercher la lumière en haut, il va falloir monter. C’est ce que l’homme imagine. C’est le processus qu’il crée dès qu’il pense que la lumière se trouve en haut, en haut de cette tour inaccessible. Cette tour n’a pas été détruite parce que les hommes, devenus si orgueilleux, avaient construit une tour pour approcher Dieu. Ce qui voudrait dire par là même, que pour toucher Dieu, il faut être la fourmi ou le tapis qui se plaque bien bas sur le sol, comme s’il était question de soumission absolue. Ce n’est pas à cause de l’orgueil que la tour est détruite, mais par contre, c’est à cause de l’orgueil que la tour est construite. Quand je parle de l’orgueil, je ne veux pas dire de la prétention humaine. Je parle simplement de cette fuite en avant que font les hommes quand ils ne savent pas, ou pas suffisamment, et qu’ils ne peuvent pas le supporter. Alors ils construisent, malgré tout, au lieu de s’arrêter, de reconnaître qu’ils ne peuvent pas aller plus loin pour l’instant. L’homme se dit : « Je dois comprendre jusqu’au bout. C’est capital pour mon travail, c’est capital pour ma crédibilité, pour mon passage, pour mon initiation. » L’homme croit qu’il doit se gaver de choses qu’il présume, et détermine que ces choses sont une connaissance. La tour de Babel ce n’est pas l’homme orgueilleux qui essaie d’approcher Dieu, c’est l’homme malade, qui essaie, avec sa limite, de construire un entendement, une interprétation, une explication. Lorsque quelque chose ne vient pas vers vous, n’essayez pas d’aller vers la chose, ayez la sagesse d’attendre qu’elle vienne vers vous. En disant cela, je ne parle pas d’une attitude passive. Au contraire, il faut être combattant au moment où l’action est nécessaire et savoir être méditatif quand l’intériorisation est nécessaire. Parce qu’il y a des choses qui s’acquièrent par le combat, par l’extériorisation, par les gestes que l’on va faire pour s’approprier les énergies, le contrôle de soi-même, et il y a des choses que l’on va acquérir parce que l’on va arrêter tous mouvements et que l’on va se placer dans le centre pour recevoir. Il y a donc sur le chemin 50 % des choses que l’homme va conquérir par sa propre force, parce que tel est son devoir, et 50 % des choses que l’homme va obtenir par grâce. Parce que cette autre partie de la vérité doit venir d’en haut pour aller jusqu’en bas et ne doit pas être conçue, créée par l’homme. C’est le grand équilibre que doit découvrir le disciple. Quand il doit méditer pour la pleine lune du Wesak ou quoi que ce soit d’autre, il doit savoir aller à l’extérieur, être un conquérant, se battre contre les forces, parfois contre lui-même et sortir tout ce dont il est capable, et en même temps, à l’endroit de la limite, il doit savoir tout arrêter, tout suspendre et être à l’écoute. C’est par cette écoute qu’il va finalement contempler la chose pour laquelle il s’est battu jusqu’à ce point-là. C’est le grand équilibre que l’on trouve dans l’alchimie. Il y a de l’alchimie partout. Tout est en tout, dans une mesure différente, mais tout est en tout. Quand je parle de purification, vous devez savoir que dans mon esprit il n’y a qu’un synonyme : C’est l’équilibre. Le plus et le moins en se rencontrant dégagent le neutre, dégagent donc la lumière. La conquête de l’équilibre c’est, avant tout, de comprendre comment on est constitué ce qui est le fondement de l’équilibre. L’individu de bonne volonté qui essaie d’obtenir l’équilibre en combattant ses défauts et en cultivant des qualités, s’aperçoit soudain qu’il est submergé par une foule d’énergies contraires qui viennent l’agacer et le détrôner de sa bonne disposition. Ces énergies viennent vers la personne parce que cette personne ne sait pas se mettre dans l’endroit où véritablement le pouvoir est inscrit et où le pouvoir manipulateur peut s’exercer. Vous devez toujours vous trouver dans le centre. Vous n’avez à cultiver aucune qualité. Il est aussi stupide, inutile, bête et humiliant pour la sagesse de cultiver une qualité que d’exercer un défaut. Je vous l’assure. C’est un comportement stupide, idiot, enfantin, qui signe là, l’ignorance. Vous n’avez pas à cultiver des qualités. Avec des qualités l’homme est capable de faire autant de bêtises qu’avec des défauts. En étant bon, un individu peut devenir un véritable danger public, que ce soit pour le plan des Maîtres, pour lui-même ou sa propre famille. Qui vous a demandé d’être bons ? Je vous dis qu’en étant bons vous êtes à des années lumière de la véritable chrétienté. Car il ne s’agit pas d’être bon, il ne s’agit pas non plus d’être mauvais. Je ne favorise pas les défauts lorsque je vous dis cela. Je vous parle de l’endroit où le défaut et la qualité n’ont plus rien à voir avec la vie de l’être, ou l’attitude de l’être. Cet endroit c’est votre divinité. Dans la divinité il n’y a pas plus de qualité que de défaut. Lorsque l’on parle de positif ou de négatif, on parle d’énergies, de courants vibratoires, et lorsque l’on marie ces deux courants, on s’aperçoit qu’ils ne sont pas face à face et qu’ils ne sont pas contraires, mais qu’ils dégagent un état, un troisième aspect, qui est la lumière. Il faut donc que l’homme comprenne qu’il est avant tout cette lumière, ces étincelles dispersées dans les chakras. Il faut qu’il imagine que la principale étincelle, étant le point de repère le plus absolu de son âme, se situe au chakra coronal, et que depuis ce centre, il développe deux énergies, une positive, une négative. Qu’il doit équilibrer ces énergies, apprendre à les extérioriser, à les peser, à les manifester, à se maintenir toujours dans le neutre et ne pas basculer un coup à gauche, un coup à droite. Il s’agit donc, pour la conscience, de trouver l’endroit exact de son habitation, c’est-à-dire le milieu, l’axe, et avec ses énergies positives et négatives, étendre et manipuler sa vie, son destin, ou le plan qui s’exprime à travers l’être. Dans l’univers il n’y a aucun principe. Aucune entité, aucun ange qui se soucie de ce qui est bon. Le point de vue qui permet de juger ce qui est bon est une affaire humaine et pas du tout une affaire angélique ou divine. Il n’y a que l’homme qui s’embarrasse de ce qui est bon et ce qui est ne l’est pas. Il discute énormément, il battit une Église au nom de ce qui est bon, et avec son drapeau, il va tuer celui qui, d’après lui, n’est pas bon. Et il le juge, et il le critique, et il défait sa Mosquée, sa Synagogue, son Église ou sa Secte et se dit « Ce n’est pas bon ». Au nom de ce qui est bon, pour favoriser ce qui est bon, l’homme devient mauvais, extrêmement mauvais, pire que le diable en personne, pire que l’antéchrist. Et ceux qui essaient de matérialiser le nouveau monde, ceux qui essaient de parler du nouveau monde sont des êtres qui travaillent à l’encontre du nouveau monde. Ce ne sont pas les meilleurs, ce sont les pires. Et je voudrais que vous cessiez de parler du nouveau monde. Ça suffit. Partout ou l’on se retourne pour écouter les méditations, pour écouter les conversations des hommes, on n’entend que cela, comme on entendrait un refrain à la mode : le nouveau monde, l’ère du verseau, fin de l’ère des poissons, les énergies, le Tibétain, la société théosophique, renouvellement de la maçonnerie, ou quoi que ce soit d’autre. On entend parler, on entend jacasser, on entend projeter. Ce ne sont que projections d’âmes malades et d’esprits qui ne connaissent pas ce qui est vrai, parce qu’ils ne sont pas dans le centre. Vous ne le connaîtrez pas. Il n’existera pas pour vous puisque vous en parlez, puisque vous le situez ailleurs, demain, hors de vous, comme étant l’œuvre prochaine, comme étant l’affaire des autres, de ceux qui viendront, comme étant l’âge que connaîtront vos enfants, ou vos petits enfants. Si vous mettez le nouveau monde là-bas, après la venue du second Messie, non seulement vous ne connaîtrez pas le nouveau monde, mais vous n’appartenez même pas à ce monde que vous dites ancien. Vous ne vivez pas, vous n’appartenez à rien du tout, sinon qu’à votre folie, à votre rêve, à vos projections, à vos fantasmes. La nature de l’esprit est de contempler. Puisque l’homme ne peut pas contempler la vérité, il va se construire une image qu’il va pouvoir contempler. L’homme imagine la venue du Messie ou la venue des nouveaux serviteurs du monde qui viendront sauver la terre, sauver les malades, installer une politique extraordinaire, un monde où l’on se partagera les biens, les biens spirituels, comme s’il s’agissait de mettre quelque chose sur la table et de le partager, comme un gâteau, pour que chacun ait sa part. La spiritualité ne se partage pas. Si donc vous vous sentez dans un tel état, c’est parce que même présente, la spiritualité ne se partage pas. Aucun Dieu ne peut venir, se montrer, et par sa présence ou par son toucher, vous rendre divin. C’est impossible. Celui qui imagine ce processus comme étant juste, commet là, un acte de désespoir, et je le comprends profondément, je veux le soutenir. Si tu crois au nouveau monde, c’est que tu es désespéré. Je le sais très bien, ne me mens pas. Je connais ton âme, j’en connais les recoins, je connais tes crises, je connais tes humiliations. Je sais très bien que tu ne crois pas en moi. Regarde-moi quand je te le dis. Tu n’as jamais cru en moi. Tu ne me croiras jamais. Et tu te moques complètement du nouveau monde, car tu te moques bien que ton voisin meure. Si tu avais vraiment envie d’un nouveau monde tu te soucierais de sa vie, de la survie de ton voisin, mais tu te moques qu’il meure, qu’il soit cancéreux, qu’il soit déformé, qu’il aille se suicider demain, ou que des inondations passent quelque part et emportent toutes les âmes, ou qu’il y ait de grands feux et que tout le monde soit brûlé. Tu te dis même, fort de ta connaissance, tant mieux, c’est la terre qui se réveille, c’est la terre qui purge le mal, qui enlève les mauvaises âmes, les mauvaises vibrations. C’est bien. Et quand toi tu t’écries que c’est bien, moi j’ai envie de te dire que c’est toi qui es mauvais. C’est à cause de toi qu’ils sont en train de mourir. La cause n’est pas ce qu’ils sont, car eux, ils sont en toute innocence, mais toi tu les juges. C’est toi le coupable. C’est toi qui les mets à mort, qui tues leur âme et leur esprit. Alors, si tu veux véritablement, non seulement concevoir le nouveau monde, mais dans une petite part de toi-même commencer à en être digne, aime ton frère. Aime celui qui est difforme, celui qui est diabolique, celui qui ne paraît être qu’une larve astrale. Aime celui qui commet le crime ou le péché comme vous dites. Aime celui qui est à l’encontre du nouveau monde, car c’est en l’aimant que tu vas créer le nouveau monde, ce n’est pas en te réjouissant chaque fois qu’un torrent va emporter une de ces âmes noires et velues. Tu vas créer le nouveau monde au moment où tu vas sauter dans le torrent avec cette âme et dans la tourmente, tu vas lui dire : « Tu peux ne pas mourir, car le torrent qui t’emporte, vois-tu, n’est pas un torrent de mort. C’est un torrent de vie, mais d’une vie tellement forte que tu n’as pas su voguer sur son courant, et faire le nécessaire pour que cette eau passe à travers toi, te purifie et te grandisse. Alors apparemment le courant est en train de t’emporter et le rocher qui n’est pas loin va te déchiqueter. Mais si tu m’écoutes, je pourrais te dire non seulement comment suivre le courant, mais en plus, comment sautiller sur les rochers de façon à ce qu’ils soient des marches pour ton ascension et non pas des lieux de mort. » Toi qui crois dans le nouveau monde, si tu crois que le courant ne va pas t’emporter, tu te trompes. Le torrent va passer sur tout le monde. Seulement il y aura ceux qui savent nager et ceux qui ne savent pas. Les énergies que l’on dit venir à l’heure actuelle pour changer, bouleverser, purifier et préparer le nouveau monde, ces énergies-là ne sont pas des énergies de mort. Ce sont des énergies de vie, car tout est vie dans l’univers. Il est impossible d’imaginer une seule seconde qu’une énergie de mort ou de châtiment se déverse sur la terre. Il n’y a aucune énergie de destruction dans l’univers. Il n’y a que des énergies de vie. Seulement l’énergie de vie est parfois tellement forte, elle régénère tellement puissamment, que dans la traînée, elle peut ressembler à une énergie de mort. Une formidable énergie de vie est envoyée sur la planète et pour certains cela devient une énergie de mort, parce qu’ils ne sont pas habitués à recevoir la vie de cette façon et à être la vie. C’est pour cela qu’il ne faut pas penser que Dieu est en train de régler ses comptes avec l’humanité et qu’afin de bien rentrer tranquillement dans le nouveau monde, les belles âmes élues viennent contempler, dans l’arène, les vilaines âmes se faire déchiqueter par les énergies. Et ces énergies seraient envoyées par qui ? Si Dieu agissait de la sorte, si les Maîtres agissaient de la sorte, oseriez-vous encore longtemps l’appeler Dieu. Oseriez-vous encore longtemps l’aimer, le louer, le trouver divin, lui vouer votre vie entière, lui remettre votre âme, votre éternité. Mais si l’on me parlait d’un tel Dieu, je serais contre lui et essaierais par tous les moyens de le détruire. Lorsque vous pensez de cette façon, vous pensez comme un superstitieux qui veut se mettre du côté de Dieu, et qui, pour satisfaire Dieu, ferait le sacrifice d’une brebis, d’un agneau, d’un veau. « Pour rentrer dans le nouveau monde, pour que le nouveau monde soit fidèle aux critères divins, sacrifions les âmes noires comme on sacrifie l’agneau, le veau, la colombe. » Voyez à quel point, dans votre pensée, se glissent des archaïsmes, des superstitions qui vous rendent aussi primaires que les gens des tribus anciennes. Vous n’avez pas à imaginer que des hommes vont mourir, ou que vous risquez de mourir, ou de ne pas appartenir au nouveau monde. Le nouveau monde est déjà là, il a toujours été là. Il n’est pas quelque part dans l’astrologie cosmique et planétaire. Le nouveau monde ce n’est pas la nouvelle ère qui va venir. Le nouveau monde ne sera pas plus là, qu’il n’est ailleurs. Le nouveau monde est en vous ou il n’est pas. Quand vous voulez parler du nouveau monde, écoutez simplement ce qu’a dit Jésus lorsqu’il parlait du Royaume, car en fait c’est de cela qu’il s’agit. Seulement dans son esprit l’homme mélange tout. Il mélange les ères, avec ses propres désirs, avec sa propre quête. Il se dit : La quête est une chose, la nouvelle ère en est une autre. La nouvelle ère est ici et maintenant, et cette nouvelle ère vous concerne personnellement. Vous êtes déjà dans le nouveau monde si vous êtes du nouveau monde. Être du nouveau monde ce n’est pas simplement vivre dans l’ère qui va venir, c’est être, avant tout, du Royaume et venir au nom du Royaume et pour le Royaume. Ceci est plus important que toutes les ères qui vont venir, le Verseau, et bien après le Verseau. Pourquoi vous amuser à gagner quelques francs alors que vous avez toute la richesse en vous ? Pourquoi vous efforcez-vous de façon malhabile à construire le nouveau monde et à persuader les autres de participer à cette construction ? Il n’y aura aucun nouveau monde si, avant tout, vous ne représentez pas et n’êtes pas le royaume. Le nouveau monde c’est donc l’articulation technique de la vie de la planète. Cela ne correspond pas à des phases de votre vie intérieure. Votre vie intérieure vous appartiendra toujours en propre et ne dépendra jamais de la vie qui se passe à l’extérieur, que ce soit l’ère du Verseau ou quoi que ce soit d’autre. Par contre, une fois que vous êtes du Royaume vous pouvez participer à la construction du nouveau monde. Et là, vous serez utile, parce que vous aurez les idées justes, les idées qu’il faut, les idées d’équilibre, les idées réelles, construites sur des fondations solides. Des idées d’airain et pas des idées de rêve, de projections, de suppositions ou de désespoir. Un homme qui sait ce qu’est le Royaume et ce que sont les âges de la terre, ne connaît jamais de désespoir. Il sait que les âges qui se suivent, développent par-ci par-là des tendances techniques, astrales, mentales, philosophiques ou dévotionnelles, qui ne sont que des articulations, que des couleurs, des moments, des expressions nécessaires à certaines âmes pour aller plus loin, pour les amener à se poser, en fait, la seule et véritable question, celle de la quête. C’est pourquoi il ne faut pas tout axer sur le nouveau monde, mais rester très essentiel et avant tout, penser au Royaume et parler du royaume. Même si vous ne parlez jamais du nouveau monde, du moment que vous parlez du Royaume et que vous suscitez le Royaume aux autres, le nouveau monde aura lieu. Et il aura lieu, par endroits, immédiatement. Et lorsque l’on mettra bout à bout ces petits bouts de Royaume que sont les hommes, on s’apercevra que toute une nation est devenue le Royaume, puis tout un continent et que la terre enfin est le Royaume. Pourquoi bâtir le nouveau monde, pourquoi bâtir l’ère du Verseau alors que l’on peut bâtir le Royaume ? Je vous le demande ? Pourquoi essayer de faire des exercices pour développer des sensibilités psychiques, la clairvoyance ou des dons divers, alors que vous pouvez être Dieu avant tout. L’homme se fatigue à gagner sa vie, gagner sa spiritualité, gagner des pouvoirs, gagner quelques sous, ignorant qu’il est très riche, et il y met de la sueur, de la souffrance, de l’espoir et du désespoir. Et lorsque nous le regardons et que nous contemplons sa douleur, nous ne savons que faire pour véritablement l’aider. La vérité pour ce fils héritier du père, ce n’est pas de développer telle ou telle chose, ce n’est pas de gagner dix francs, c’est d’accepter de rentrer dans la maison du Père. C’est accepter d’aller à l’endroit du bassin, de se laver, de se vêtir comme est vêtu le Père et d’aller voir le Père. Et lorsqu’on le rencontre, on s’aperçoit qu’il n’est pas le Père, mais qu’il est celui qui a toujours été l’homme, l’homme allant péniblement gagner sa vie et son ciel par ses efforts. Il n’a jamais été un Père, un Dieu au-dessus de l’homme. Il a toujours été cet homme, mais cette part de l’homme qui ne change pas, qui est toujours elle-même et qui est la lumière. Alors, l’homme rencontrant le Père ne comprend plus car il ne voit rien. Il ne voit que lui, lui-même en tant que Dieu. Et pendant un moment cet être est perdu. On lui avait tellement dit que Dieu existait, on lui avait même décrit Dieu. L’homme se prépare et il veut voir le créateur, il l’attend et avec surprise et consternation, dans le temple, il ne perçoit que du silence. Pour le Maître et le collège d’aides invisibles qui assistent le disciple à ce moment-là, le travail n’est pas facile. Ils ne doivent pas laisser soupçonner leur présence, même par amour. Le silence doit être le plus complet, le plus absolu, parce que le disciple, qui est arrivé jusqu’à cet endroit de la vérité et de la révélation, doit comprendre. Un seul bruit de la part des Maîtres, une seule image, et tout est cassé, tout est fini. Le disciple ne comprendra pas et il va aimer l’image, comme le caneton prend pour père et mère la première chose mouvante qu’il voit. Alors le Maître et tous les anges se taisent. Ils attendent que le disciple ait compris. Plongé au plus profond du désespoir le disciple attend un geste, attend un bruit. Et, croyant presque qu’il va mourir, désespérément, il ouvre tout ce qui, en lui, peut entendre, peut écouter, peut ressentir. Et aucun écho ne parvient. C’est la folie et son désespoir devient encore plus grand. Le Maître ne bouge pas, il sait que la révélation est à ce prix et qu’après viendra un plus grand bonheur. Lorsque fatigué, enfin, le disciple abandonne l’écoute, au moment où il commence à s’abandonner, au moment où tout se relâche en lui, où tout s’abandonne, où plus rien n’est donc créé, plus aucune projection, plus aucun désir, plus aucune idée, plus aucun espoir, il se sent glisser doucement, emporté sur le trône. Et alors qu’il lui semble commencer à s’endormir, il regarde autour de lui et voit que les choses se transforment et, comme des rideaux que l’on tire, le palais apparaît, les lumières brillent, des sons commencent enfin à se faire entendre, et tout le monde vient voir celui qui est né, car c’est une naissance. Soudain il voit tout le peuple qu’il imaginait, qu’il essayait en tout cas d’imaginer, grâce à ses livres, grâce à ses rêves, il voit tout ce peuple d’anges, d’aides invisibles, de Maîtres, tous ces êtres qui aiment et qui soutiennent la lumière. Alors l’homme rit et il comprend : « J’ai compris. Maintenant je sais. Je ne cherchais rien, je n’avais rien à conquérir, je n’avais rien à aller chercher, je n’avais personne à rencontrer. Tout est la vie, et cette vie qui est en moi, est exactement la même que celle que l’on appelle Dieu. Il me fallait simplement apprendre à rire. Et rire, rire de toutes ces métamorphoses négatives qui m’ont fait être un jour un homme, un chercheur d’or, un occultiste, un alchimiste, un ésotériste, un yogi, un méditant, un moine, un père de famille, une mère de famille, un suicidé, un malheureux ou un heureux. Mais pourquoi est-ce que j’ai cru à toutes ces métamorphoses alors que pendant des milliers d’années je n’ai pas cessé d’être ce que je suis, le principe de la vie, le Roi de l’univers. Comment ai-je pu croire à ces chimères. » Tout est rire.
|